L'attaque de Pearl Harbor est une attaque surprise menée par les forces aéronavales japonaises le 7 décembre 1941 contre la base navale de Pearl Harbor située sur l'île d’Oahu, dans le territoire américain d’Hawaï. Autorisée par l'empereur du Japon Hirohito, elle vise à détruire la flotte du Pacifique de l’US Navy. Cette attaque provoque l'entrée des États-Unis dans le conflit mondial.
L'anéantissement de la principale flotte américaine doit permettre à l'empire du Japon de continuer à établir sa sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale en privant les Américains des moyens de s'y opposer militairement ; c'est aussi une réponse aux sanctions économiques prises par Washington en juillet 1941, contre sa politique impérialiste, après l'invasion de la Chine et de l'Indochine française dans le cadre de l'expansionnisme du Japon Shōwa.
L'attaque, dirigée par le général Hideki Tōjō, est lancée le dimanche 7 décembre à 7 h 48 par le service aérien de la Marine impériale japonaise contre la flotte américaine du Pacifique et les forces stationnées sur place. Elle est conduite en deux vagues aériennes parties de six porte-avions impliquant plus de 400 avions. En moins de vingt-quatre heures, l'empire du Japon attaque également les États-Unis aux Philippines et engage les hostilités avec le Royaume-Uni, en envahissant Hong Kong et en débarquant en Malaisie.
Les pertes américaines sont importantes : 2 403 morts et 1 178 blessés. Mais seulement deux cuirassés sont détruits (le troisième n'étant qu'un bateau cible) ainsi que 188 avions. Les seize autres navires endommagés sont remis en état dans les mois qui suivent (dont onze avant la fin de 1942). Parmi les navires endommagés figurent six cuirassés, trois croiseurs, quatre destroyers. Les trois porte-avions du Pacifique, alors absents de Pearl Harbor, demeurent intacts. Les Japonais perdent 64 hommes, 29 avions et cinq sous-marins de poche ; un marin est capturé.
Aux États-Unis, cette attaque reste un des événements les plus marquants de l'histoire du pays et est synonyme de désastre national — chaque année le drapeau est mis en berne le 7 décembre —. Les historiens ont mis en évidence l'audace du plan de l'amiral Isoroku Yamamoto, le manque de préparation et les négligences américaines. Le rôle du président Franklin Delano Roosevelt reste un sujet de polémique.
Contexte :
Pendant l'ère Meiji (1868-1912), l'empire du Japon s'engage dans une période de croissance économique, politique et militaire afin de rattraper les puissances occidentales. Cet objectif s'appuie également sur une stratégie d’expansion territoriale en Asie orientale qui doit garantir au Japon son approvisionnement en matières premières indispensables à son développement.
L'expansionnisme nippon se manifeste dès la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle avec l'annexion de l'île de Formose (1895), du Sud de l'île de Sakhaline (1905) et de la Corée (1910). Pendant la Première Guerre mondiale, le Japon s'empare des possessions allemandes d'Extrême-Orient et du Pacifique et gagne des parts de marché au détriment des Européens et des Américains présents dans la région. Après 1920, la croissance économique nipponne ralentit et le chômage augmente ; l'industrie souffre du manque de matières premières et de débouchés1.
Dans l'entre-deux-guerres, l'archipel se dote d'une marine de guerre moderne. La Grande Dépression des années 1930 n'épargne pas l'économie du Japon. Aux effets de la crise économique s'ajoute une montée des nationalistes et des militaires au cours de l'ère Shōwa. L'Armée impériale japonaise envahit la Mandchourie en 1931 et ce territoire devient l'État fantoche du Mandchoukouo. Le Japon prend ensuite progressivement le contrôle d'autres régions de la Chine. En 1937, le Japon envahit le reste de la Chine à partir de Shanghai sans toutefois déclarer officiellement la guerre.
La dégradation des relations entre Tokyo et Washington :
Les conquêtes nipponnes en Asie orientale menacent les intérêts américains et Washington intervient contre le Japon, sans aller jusqu'à la confrontation armée. Ainsi, le traité de Washington de 1922 limite le tonnage de la flotte de guerre japonaise au troisième rang mondial. En réponse aux pressions diplomatiques internationales à la suite de l'invasion de la Mandchourie, Tokyo décide de quitter la Société des Nations en 1933. Entre 1935 et 1937, les États-Unis choisissent la non-intervention en promulguant une série de lois sur la neutralité.
Le Japon signe le pacte anti-Komintern en 1936. En 1937, le président Franklin Delano Roosevelt prononce à Chicago le discours de la quarantaine dans lequel il condamne les dictatures, y compris celle du Japon. L'année suivante, son discours sur l'état de l'Union propose d'augmenter les dépenses militaires. En décembre 1937, au moment du massacre de Nankin, les avions japonais coulent la canonnière américaine Panay sur le Yang-tse-Kiang2. Washington obtient des excuses mais la tension monte rapidement entre les deux pays. En 1939, le gouvernement américain met fin au traité de commerce signé en 1911, prélude à l'embargo commercial.
En 1940, l'Empire rejoint les forces de l'Axe en signant le Pacte tripartite. La même année, le quartier-général impérial, profitant de la défaite de la France et de l'affaiblissement du Royaume-Uni, autorise l'implantation de bases militaires en Indochine française. Immédiatement après un accord conclu le 22 septembre avec le gouverneur de l'Indochine française, le Japon déclenche une offensive sur Lang Son et bombarde Haiphong.
1941 est l'année de l'escalade entre les deux pays : en mai 1941, Washington accorde son soutien à la Chine par l'octroi d’un prêt-bail. À la suite du refus du Japon de se retirer de l'Indochine et de la Chine, à l'exclusion du Mandchoukouo, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas décrètent à partir du 26 juillet 1941 l’embargo complet sur le pétrole et l’acier ainsi que le gel des avoirs japonais sur le sol américain. Cinq mois plus tard, les approvisionnements de pétrole du Japon sont réduits de 90 %3. Le gouvernement japonais, angoissé à l’idée que, tôt ou tard, le pays se retrouvera totalement privé de ces ressources précieuses, réalise qu’il doit vite trouver une solution pour se sortir de l’impasse.
La conférence impériale tenue le 6 septembre 1941 décide qu'une guerre sera entreprise contre les États-Unis et le Royaume-Uni, à moins qu'un accord ne soit trouvé à bref délai avec Washington. Ce compromis reflète les deux courants qui s’opposent au sein du gouvernement japonais. Fumimaro Konoe, alors Premier ministre du Japon, prend position du côté des négociations avec les États-Unis et, du moins l'espère-t'il, de la paix. Soutenu entre autres par l’empereur, il cherche à rencontrer le président Roosevelt début août, dans l'optique de prouver la bonne foi japonaise, même si la guerre venait à éclater4. De l'autre côté, les chefs militaires, comme Osami Nagano, s'opposent farouchement à tout ce qui peut retarder l'entrée en guerre immédiate du Japon5. D'après leurs estimations, plus la guerre commence tôt et finit rapidement, plus les chances de victoire du Japon augmentent6. Ainsi, c'est l'opposition de ces deux points de vue qui fait que, au terme de la conférence impériale du 6 septembre, le plan choisi est le suivant : les défenseurs de la diplomatie ont quelques semaines pour tenter des négociations pendant que l'on poursuit les préparatifs pour la guerre, après quoi celle-ci sera déclarée, ce qui déjà à ce stade semble être l'issue la plus probable. Ainsi, la guerre est probable, mais pas nécessairement inévitable, et à ce stade le renoncement des Japonais à leur politique expansionniste peut l'éviter7.
L'attaque de Pearl Harbor n'est pas un plan préparé conjointement par l'Allemagne et par le Japon mais une initiative japonaise, les Allemands y ayant vu leur intérêt8. Le 16 octobre, le Premier ministre du Japon Fumimaro Konoe démissionne de son poste après avoir pris conscience qu’« [u]n accord avec les États-Unis sur le problème des troupes en Chine est l'unique chose qui peut maintenant arrêter [les préparatifs militaires]. La logique est évidente. Seul un nouveau gouvernement, qui ne sera pas lié par la décision du 6 septembre, peut enrayer l'élan vers la guerre9. » Il comprend aussi que ses idées ne plaisent pas, et préfère céder sa place à un militaire10. Il manifeste son accord avec le général Tōjō, qui propose alors le prince Naruhiko Higashikuni, un oncle de l'empereur, pour le remplacer. Hirohito refuse cette candidature, proposée également par les militaires, et choisit plutôt le général Hideki Tōjō, un ferme partisan de la guerre mais également un homme renommé pour sa fidélité envers l'institution impériale11,12. Ainsi, malgré sa conviction personnelle, la nomination de Tōjō peut au contraire s’avérer être une dernière chance pour la paix : « Homme borné, il est lié à l’empereur par un sens de l'obéissance et du devoir à toute épreuve. « Nous ne sommes encore que des humains ; l'empereur, lui, est divin, observe-t-il. Je m'inclinerai toujours devant la divinité et la grandeur de Son Excellence. »13 » Après une discussion avec l’empereur, que l'idée de partir en guerre inquiète, Tōjō accepte de promouvoir autant que possible les négociations, dans un dernier effort pour éviter la guerre et pour satisfaire son souverain.
Toutefois, l'arrivée d'un nouveau Premier ministre ne change rien au dilemme qui secoue le gouvernement. Lors de la conférence de liaison qui dure du 23 octobre au 1er novembre, les options sont claires. Le Japon peut renoncer à la guerre, acceptant ainsi de devenir une puissance de troisième ordre14, ou renoncer à la paix, et se lancer dans une guerre dont l'issue est plus qu’incertaine, sachant qu'après deux ans la victoire devient impossible, par manque de pétrole et d'acier. Ainsi, comme l'explique l'historien Ian Kershaw, « [l]’alternative est entre la paix dans l'austérité au sein d’un monde dominé par l'Amérique ou la guerre assortie d'une défaite probable mais en défendant l'honneur national »15. Malgré le compromis auquel parvient le gouvernement, c'est-à-dire préparer la guerre tout en continuant les négociations, la guerre est quasiment assurée16. À ce moment, Shigenori Tōgō, le ministre des Affaires étrangères, propose deux plans de négociations, le plan A et le plan B. Le premier, à l'image du comportement du Japon depuis le début de l’affaire, est dénué de toute vraie concession. Tōgō lui-même était conscient que le plan A a peu de chance de convaincre les Américains et n'en attend donc pas grand-chose. Le plan B, plus engageant, peut quant à lui offrir un terrain pour les négociations, quoiqu'une bonne partie du gouvernement japonais soit réticente aux compromis qu'il propose. En effet, il comporte quelques concessions, entre autres concernant la Chine, qui est au cœur des tensions entre Japon et États-Unis, cependant il garantit la paix, bien qu'elle ne soit peut-être pas durable. Ainsi, le gouvernement de Tōjō est contraint d’accepter le plan B17.
De son côté, Cordell Hull, le secrétaire d’État américain, après avoir intercepté des informations sur la volonté des Japonais d'attaquer les États-Unis, ne souhaite plus trouver un terrain d'entente avec ces derniers. Il repousse le plan B, qui ne fait pas assez de concessions selon lui. Roosevelt, quant à lui, cherche toujours à gagner du temps et ne ferme pas la porte à la négociation. Mais malgré une certaine bonne volonté du président, le gouvernement américain, convaincu de la mauvaise foi des Japonais, renonce finalement aux propositions d’accord, qui pourtant peuvent fonctionner18.
Les forces en présence :
À partir du XIXe siècle, la puissance militaire japonaise se renforce et se modernise grandement. Pour pallier la hausse du chômage provoquée par la Grande Dépression, le gouvernement multiplie les commandes d'armement. Les dépenses militaires augmentent fortement. Au total, le Japon posséde en 1941 une quinzaine de cuirassés, une dizaine de porte-avions, 50 croiseurs, 110 destroyers, 80 sous-marins et quelque 1 350 avions24. Surtout, le pays compte 73 millions d'habitants25,26 animés d'une fierté patriotique27 et d'un esprit de sacrifice. Les militaires japonais sont confiants dans la supériorité de leur armée ; en outre, Tokyo est assuré du soutien allemand en cas de contre-attaque des Américains.
En 1941, les États-Unis ne sont pas prêts à entrer en guerre28. Certes, le pays est une puissance démographique (132 millions d’habitants)29 et industrielle de premier ordre. En 1941, l'aviation américaine peut avancer plusieurs milliers d'avions, mais beaucoup sont obsolètes30. En 1940, face aux trois millions de soldats japonais, l'United States Army est en position d'infériorité numérique (250 000 hommes)31.
Surtout, l’opinion américaine n’est pas prête à entrer en guerre25. Le souvenir de la Première Guerre mondiale et des soldats américains morts en Europe est encore très présent. Les emprunts contractés par les belligérants auprès des États-Unis n’ont pas été remboursés32 et beaucoup d'Américains sont isolationnistes. Le président Franklin Delano Roosevelt (1933-1945) ne veut pas s'aliéner les Américains d'origine allemande, italienne et japonaise. Le comité America First, une association pacifiste influente, fait également pression pour maintenir les États-Unis hors de la guerre.
En janvier 1941, Roosevelt promet à Winston Churchill que son pays interviendrait d'abord contre l'Allemagne nazie et non contre le Japon25. Pour soulager le Royaume-Uni dans la bataille de l'Atlantique, d'avril à juin 1941, trois cuirassés, un porte-avions, quatre croiseurs et deux flottilles de destroyers sont transférés du Pacifique à l'Atlantique (soit 20 % de la flotte du Pacifique) ce qui laisse la supériorité numérique dans la zone à la marine japonaise.
La base de Pearl Harbor :
Pearl Harbor constitue la plus grande base navale américaine dans l'océan Pacifique33. Elle se trouve sur la côte sud de l’île d’Oahu, dans l’archipel d’Hawaï, 15 km à l’ouest d’Honolulu. Elle est relativement isolée dans l'océan Pacifique, à 3 500 km de Los Angeles et à 6 500 km de Tokyo. L'île d'Oahu est la plus peuplée de l'archipel hawaïen et se trouve sur la route des bases américaines de Guam, Wake et Midway. Au début de la Seconde Guerre mondiale, 140 000 à 180 000 Japonais résident à Hawaï34.
La base de Pearl Harbor s'étend autour d'une rade peu profonde. L'entrée de cette rade se fait par un chenal très étroit (400 mètres de large28). La plupart des navires de guerre mouillent à l'intérieur de la rade, à l'est et au nord de l'île de Ford. Trois se trouvent à l’ouest (l’USS Utah, l'USS Raleigh et l'USS Curtiss). Les bâtiments de guerre sont amarrés deux par deux, par souci d'économie et par manque de place.
La flotte de guerre américaine du Pacifique, composée alors de la Battle Force, la Scouting Force, la Base Force et de la Amphibious Force35 ont, le dimanche 7 décembre, 86 unités dans la base36 : 28 destroyers, 9 croiseurs, 8 cuirassés, 4 sous-marins, un cuirassé-cible (l’USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires37. On compte enfin 25 000 hommes sur la base38 et environ 300 avions et hydravions de l'USAAF et de l'aéronavale dans l’île. Le général Walter Short est le commandant des forces terrestres tandis que la flotte du Pacifique est sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation est assurée par la DCA et les défenses littorales ainsi que 35 B-1738.
La stratégie et les plans japonais :
L'objectif de l'attaque est d'anéantir la flotte américaine stationnée à Pearl Harbor afin de conquérir sans difficulté l'Asie du Sud-Est et les îles de l'océan Pacifique. Le but est de contraindre les forces américaines à quitter Hawaï pour se replier sur les bases de Californie. Il faut par ailleurs réduire en cendres les docks, les ateliers de réparation et le champ de réservoirs contenant les approvisionnements en mazout pour la flotte du Pacifique, sans oublier les aérodromes de Wheeler Field et d'Hickham Field. Le Japon veut aussi effacer l’humiliation des sanctions économiques prises par Washington. Les préparatifs de l'attaque sont confiés au commandant en chef de la flotte Isoroku Yamamoto.
Les préparatifs de l'opération :
Approuvé officiellement le 5 novembre 1941 par Hirohito19,20, le plan d’attaque de Pearl Harbor a quant à lui été élaboré dès le début de l’année 194139,40.
Ce plan doit surmonter deux difficultés. Premièrement, l’isolement relatif d’Hawaï rend impossible le recours aux navires de guerre classiques. Deuxièmement, les eaux peu profondes de la rade de Pearl Harbor empêchent l’utilisation de torpilles conventionnelles qui auraient explosé sur le fond marin avant d’atteindre leur cible.
La stratégie japonaise reprend les éléments décisifs de deux batailles sur mer : le premier est l'effet de surprise de l'attaque japonaise menée par l'amiral Heihachirō Tōgō contre la flotte russe à Port-Arthur en février 1904 ; le second est le lancement de plusieurs bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish depuis un porte-avions de l'escadre menée par l’amiral britannique Andrew Cunningham contre la flotte italienne à la bataille de Tarente en novembre 194041. La bataille doit ainsi être décisive, selon le principe du kantai kessen en vigueur dans la marine japonaise depuis le début du siècle.
En 1941, l’amiral Isoroku Yamamoto envoie des experts japonais en Italie pour recueillir des informations qui permettraient de transposer cette stratégie dans le Pacifique. La délégation revient avec des renseignements sur les torpilles que les ingénieurs de Cunningham avaient imaginées. Les plans japonais ont sans doute été aussi influencés par ceux de l’amiral américain Harry Yarnell qui anticipe une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire du 7 février 1932, ce dernier a mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation a montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures. À l'académie navale de Tokyo, les jeunes officiers savent qu’« au cas où le gros de la flotte de l’ennemi serait stationné à Pearl Harbor, l’idée devrait être d’ouvrir les hostilités par une attaque aérienne surprise42. »
Yamamoto a du mal à faire accepter son plan d'attaque : par exemple, l’amiral Nagano juge l’entreprise particulièrement risquée43. Yamamoto s’appuie sur Kameto Kuroshima pour obtenir l’approbation du chef d’état-major de la Marine Sadatoshi Tomioka, un adversaire de Yamamoto et subordonné de Nagano44. L’empereur ne souhaite pas une attaque surprise sans déclaration de guerre21. Les réticences de Nagano viennent du fait que l'opération doit engager une grande partie de la marine de guerre, qui doit parcourir une grande distance sans être repérée. Yamamoto menace de démissionner pour que son plan soit finalement adopté, en octobre 194145. Cela laisse donc peu de temps à Minoru Genda pour préparer l’expédition, essayer les nouvelles torpilles et entraîner les hommes pour la mission.
Pour que l'attaque ait des chances de réussir, il faut qu’elle soit précisément définie et menée dans le plus grand secret. Les ingénieurs militaires japonais créent des torpilles spéciales (Type 91 (en)) munies d’ailerons pour les stabiliser. Ils produisent également des bombes capables de percer la coque des navires.
L’observation de la situation sur la base de Pearl Harbor, la configuration des installations et les activités des navires et avions sont confiées à un officier de la marine japonaise envoyé comme espion à Hawaii sous la couverture du consulat du Japon, Takeo Yoshikawa. Sa présence et ses activités ne sont pas détectées par les services de renseignement américains, sauf un message qu’il reçoit de Tokyo via le consul du Japon le 24 novembre, dit ‘message 83’, qui lui demande d’établir un plan du port et des bases avec les positions exactes des navires et avions, et de fournir un certain nombre d’informations sur leur exploitation. Ce message est décodé et traduit en octobre par les services de renseignement américains, mais n’est pas communiqué au commandement d’Hawaii. Si ce message avait été transmis à l’amiral Husband E. Kimmel et au général Walter Short, ceux-ci auraient pu être conduits à faire renforcer leurs dispositifs défensifs.
Le 3 novembre, l'amiral Nagano explique en détail le plan d'attaque à Hirohito46. Le 5 novembre, l'empereur approuve en conférence impériale le plan d’attaque22. Les renseignements fournis par des Japonais d’Hawaï sont déterminants dans la réussite de l’opération : il faut attaquer un dimanche car la flotte américaine n’est pas en manœuvre le week-end et de nombreux équipages ne sont pas complets. Il n’y a aucune patrouille ce jour-là. Les espions japonais fournissent également des informations sur la situation de la flotte américaine.
Le départ de la flotte japonaise :
Le 14 novembre 1941, la « flotte combinée » se concentre dans la baie d’Hito-Kappu, au sud des îles Kouriles. Elle se compose d'une force de choc avec sa force aéronavale, le Kidô Butai, qui comporte notamment six porte-avions (Akagi, Hiryū, Kaga, Shōkaku, Sōryū, Zuikaku47) et plus de 400 avions : des avions de chasse Mitsubishi A6M (les Zéros), des bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N (Les Kate) et des bombardiers en piqué Aichi D3A (les Val). Une flotte de reconnaissance comprend 22 sous-marins28, cinq sous-marins de poche Ko-hyoteki, emportant chacun deux hommes et deux torpilles de 450 mm et trois croiseurs légers48. Huit bateaux de ravitaillement en carburant accompagnent l’expédition49.
Le 26 novembre, alors que les deux gouvernements sont encore en pourparlers, l'armada de la Marine impériale japonaise quitte secrètement le Japon. Elle se dirige vers l'archipel d'Hawaï par le nord en empruntant une route peu fréquentée.
Le 1er décembre, Hirohito approuve en conférence impériale la guerre de la Grande Asie orientale et autorise le bombardement de Pearl Harbor50. Lorsque la flotte reçoit l'ordre officiel d'attaquer le 2 décembre, les pourparlers se poursuivent encore (voir ci-dessous). Le 6 décembre, la flotte qui se trouve à 200 milles marins (370 km) au nord de Pearl Harbor, reçoit le signal d’attaque : « Escaladez le mont Niitaka »51
Les navires et appareils japonais :
Commentaires
1 Michaud Le 20/11/2023